LE LOGEMENT SOCIAL AUJOURD'HUI : LE POINT DE VUE DE NOS ANCIENS
Comment faites vous actuellement pour répondre à une double préoccupation de l'Etat, loger les plus démunis au coût le plus bas possible en maîtrisant la qualité?
Monsieur Dupont :
"Aujourd'hui, les organismes HLM sont de plus en plus conscients qu'il y a nécessité de faire des efforts quant à l'intégration d'un programme de logements sociaux dans son environnement.
Ce n'est pas facile, puisque outre cette contrainte forte, ces organismes doivent tenir compte de la nécessité de produire des logements à des coûts les plus bas possible car nous avons à faire face à une demande de logements de plus en plus forte émanant des plus démunis. D'où, les recherches que nous avons effectué avec L'Etat aboutissant à la création de logements sociaux LQCM (Logement de Qualité à Coût Maîtrisé).
Il s'agit de produire des loyers à 80% du loyer HLM traditionnel pour loger cette frange de population.
Comment ? On diminue par exemple les dégagements, on fait des chambres plus petites, des murs porteurs perpendiculaires aux façades moins épais et bien d'autres astuces ... et on arrive ainsi à faire des économies sur le coût global du programme, et à satisfaire ainsi les objectifs du Ministère.
Les exemples de ce type de programme existe à Valence, Portes, Anneyron.... Je peux vous assurer que lorsque vous visitez ces logements, vous n'avez pas l'impression d'avoir de l'habitat au rabais.
Il est vrai que dans ce type de recherche, on a associé l'architecte à un thermicien, le but étant d'avoir des charges modérés car il ne faut pas se louper sur les isolations thermiques.... Moins le logement sera cher, moins forte sera la contribution de l'Etat.....et l'Etat nous dit : je vous accorde des avantages comme la baisse de la TVA sur les travaux; en contrepartie, je veux une baisse des loyers et des charges."
Le logement social aujourd'hui, un produit mieux adapté?
Monsieur Brunel :
"Il y a un effort colossal qui est fait dans ce secteur par rapport au premier HLM que nous avons connu.
On essaye actuellement de mieux adapter le logement à son environnement, de mieux prendre en considération les attentes des demandeurs en matière de chauffage, d'accoutisque, et bien sur de niveau de loyer.
Ce n'est pas comparable.
On est bien loin de la politique des modèles issue du plan Courant. A cette époque, il s'agissait de produire des plans homologués dont certains architectes avaient la conception et qui étaient ensuite revendus à des promoteurs qui essayait d'adapter ceux-ci avec des architectes d'opérations sur un site leur convenant. C'était en fait le début des plans Type ...."
Lors de notre visite à Nyons, vous m'avez montré deux programmes de logements sociaux : une au début des années 50, l'autre en cours de construction.
Monsieur Dupont :
"Si l'image du logement social se résumait alors à une tour ou à une barre, même dans les années 55, en milieu rural, l'ODH a construit un programme de 34 maisons individuelles jumelées (ci-dessus, photo de gauche).
L'ODH continue à avoir une image encore un peu dure à supporter, qui nous colle à la peau. Dans l'esprit des gens on construit des HLM donc des barres et des tours. Or, on s'aperçoit qu'il manque un produit différent du HLM traditionnel, que l'on sait faire, en l'occurrence un produit pour des familles un peu plus aisées sous forme de maisons individuelles (photo de droite)".
Construction de 10 maisons individuelles à Nyons
Aujourd'hui, après la période euphorique de construction de logements sociaux, au vu du graphique sur la production de logements, on est plutôt dans une phase de faible croissance du parc social public neuf.
Pour répondre aux besoins de logements, qui existe encore malgré tout, et au sein desquels il y a lieu de prendre en considération la demande des exclus qui a généré la récente loi sur l'exclusion, les acteurs dans le domaine du logement social doivent tenir compte du rôle très important que doit jouer le parc privé conventionné dans le cadre de l'ANAH.
Depuis la décentralisation, force est de constater la nécessité de coordonner les politiques de l'habitat avec les politiques sectorielles touchant les problématiques de l'aménagement au sens large et sociaux économiques.
l'Etat a un rôle de plus en plus difficile à jouer et doit faire preuve d'une forte capacité à analyser les enjeux des territoires afin de décliner sur ceux-ci les politiques de l'habitat les mieux adaptés.
Quel sera dans 50 ans le regard porté par la nouvelle génération sur ces politiques que nous mettons en place?