Alors que les chantiers s'entremêlent au nord de la ville, en ce début des années 60 où s'édifient tout à la fois la nouvelle préfecture, les immeubles Chareton, le Polygone, d'autres bulldozers arrachent les terres du plateau, où commencent à s'élever de nouvelles constructions (300 hectares, jusqu'alors agricoles, sont urbanisés au rythme moyen de 20 à 25 hectares par an).
En effet, durant cette période, l'industrie valentinoise décolle. L'essentiel de ce renouveau provient des reconversions et de la spécialisation des firmes valentinoises, qui modifient leurs fabrications traditionnelles en s'orientant vers des secteurs de pointe de l'industrie moderne, ce qui les obligent donc à s'implanter dans de nouvelles zones d'activités que l'on crée à l'extérieur des villes. Par exemple, l'entreprise Crouzet, dans les années 50, s'installa sur le plateau du Séminaire, entre les routes d'Alixan et de Montélier.
Mais qui dit essor industriel, dit besoin de main d'oeuvre donc de logements.... Quelques années plus tard, les premiers immeubles du Plan et une opération d'urbanisme (La ZUP) engloberont cette énorme usine.
La ZUP, décidée en 1963, avait nécessité deux ans d'études préalables et d'instruction administrative. Un plan, élaboré par l'architecte André Gomis, prévoyait 7 500 logements, répartis en deux quartiers, séparés par un grand parc de 24 hectares.
L'urgence, toujours présente, commanda de construire tout de suite 208 logements pour loger des familles rapatriées d'Algérie. Deux bâtiments de forme carrée autour d'un jardin central furent ainsi livrés dès 1964, au milieu de la ruche active des chantiers. Il fallait alors tout à la fois creuser des tranchées pour poser des kilomètres de tuyaux amenant l'électricité, l'eau et emportant les eaux usées, tracer et construire des routes à l'intérieur des futurs quartiers et pour rejoindre le centre ville.
Qu'est ce qui explique le Boom de la construction de logements sociaux sur Valence?
Monsieur Bosco : "A cette époque sont arrivés sur le territoire de la commune de Valence les rapatriés d'algérie, les tunisiens, les marocains. Cela faisait beaucoup de monde sur le plancher. L'Etat était obligé de construire en toute hâte des HLM au Polygone puis dans la ZUP de Valence. A la fusion des deux Ministères, les fonctionnaires des Ponts et Chaussées sont venus aidés ceux de la Construction."
Le quartier du Plan reçut les premières réalisations de l'Office d'HLM : 320 logements dans les immeubles dénommés "Rapatriés" et "Sogev".
Les importants programmes triennaux, portant sur 598 logements en 1964-67, 721 en 1967-70 et 598 en 1974-76, furent répartis entre le Plan et Fontbarlettes pour éviter de concentrer tous les logements sociaux dans les mêmes lieux.
Cette sage précaution s'accompagnait d'une diversification des types de logements :
L'Office d'HLM louait à partir de 1971, 35 maisons individuelles et 670 logements destinés aux catégories défavorisées.
247 maisons furent vendues par le Foyer Dauphinois, la Caisse d'Epargne, la Société Anonyme d'HLM de la Drôme.
Pour l'accession à la propriété, 263 maisons et 785 appartements furent construit de 1969 à 1975 par divers promoteurs.
Mélange entre location et vente, multiplicité de promoteurs privés et publics, mixité de la répartition dans les quartiers, les aménageurs de ces grands ensembles avaient multiplié les précautions pour réussir.... Il en alla autrement. Le souci de répartir et mêler les genres les obligea à aménager le site très rapidement, ce qui entraîna d'énormes dépenses. Une dérive déforma dès lors le projet initial et il fut alors décidé de stopper l'aménagement, de laisser des parties inachevées bien qu'habitées, de geler les espaces non encore construits.
On commence alors à parler de crise urbaine. On découvre les excès d'un zonage rigide, qui segmente la ville en morceaux uniformes. Beaucoup restera à faire, plus tard, pour achever ces quartiers. Cette période de fièvre de construire lègue tout de même un nouvel ensemble urbain, peuplé de 16 000 habitants.