UN NOUVEAU MODELE URBAIN VOIT LE JOUR
 
Les immeubles construits sur l'îlot Chareton manifestent une rupture par rapport à ceux de l'avant guerre. Ils ne sont pas implantés le long des rues. Ils affectent une forme parallélépipédique, sans toit ni aucun décrochement, un volume purement géométrique.
Ces barres sont issues des principes du mouvement de l'architecture moderne, qui prônent une construction rationaliste. Celle-ci s'exprime par de grands immeubles horizontaux, construits selon une trame, comme un tissage. Leur façade, composée d'éléments répétitifs, peut s'organiser en résille.
Simplicité dans l'édification, possibilité de préfabrication industrielle des panneaux de façade comme des murs porteurs, rapidité de mise en oeuvre répondent au souci de construire vite et peu cher.

Monsieur Dupont :
"L'opération Chareton-Championnet : trois barres en face de la poste ...On ne mettait même pas des baignoires, mais un bac à laver douche, un  récipient  rectangulaire avec une rainure pour mettre une planche  pour laver le linge...."
En allant trop vite, n'a-t-on pas fait des erreurs?
"Bien sûr, on a fait des erreurs, indiscutablement, on a fait des erreurs.
Mais enfin .... quand on voit le Boulevard Vauban tel qu'il est aujourd'hui ...ce n'est pas tellement une erreur... on voulait tout simplement reconstruire notre pays."
Monsieur Bosco rajoute : 
"Avant d'être aux Ponts et Chaussées, j'étais géomètre, employé au Génie rural.
 Nos bureaux étaient dans une caserne démolie, la caserne Chareton, située à l'emplacement de la Trésorerie Générale et de la Poste. Tout ce quartier a été démoli pour construire la préfecture, la Poste, la TG et les barres LOPOFA.
 
Une erreur d'avoir construit ces bâtiments? NON!!!!
A l'époque, il fallait bien loger les gens, Il faut se remettre dans le contexte de ces années là.... il y avait pénurie de logements et les loyers étaient très chers.
Pour votre information, je logeais moi même dans une "chambre de bonne" située dans les combles d'une habitation pour 10 000 F/mois alors que je touchais 42 000 F de salaire. Le loyer était donc une ponction importante de mon salaire. Et en plus il n'y avait pas de chauffage et juste un lavabo pour se laver ..."
Les gens faisaient la queue à l'Office de Valence  pour trouver des logements  explique Monsieur Dupont : 
 
"Le directeur de l'Office de Valence, à l'époque Mr Lombard,  avait deux petits bureaux en mairie de Valence et les gens  faisaient la queue jusque  dans ma rue pour avoir un logement.
 Il y avait un énorme besoin de logements.
Les LOPOFA, c'était du luxe par rapport à ce que les gens avaient. 
On  habitait avenue Clerc, à coté du Dauphiné libéré,  il y avait un WC sur le pallier pour quatre et il n'y avait pas de douche. On n'avait que cela et  c'était sur les boulevards !!! A l'intérieur c'était vraiment le  taudis... Moi j'étais privilégié, mon père étant au chemin  de fer,  j'allais prendre des douches au dépôt où  il y avait toujours de l'eau chaude."
