André Dupont raconte:
"Les dommages de guerre... aux gens  on leur  donnait une indemnité, ils en faisaient  ce qu'ils voulaient.  Ils avaient intérêt à reconstruire.  Mais  souvent les bombes étaient   tombées sur  des petits  bâtiments et l'indemnité ne leur permettait pas de refaire une maison.
Alors, on a crée à  cette époque là,  des associations syndicales de reconstruction qui ont  regroupé tous ces propriétaires.
 On est en centre ville, on ne va pas faire une petite maison, un rez-de-chaussée plus un étage, mais on va  faire un collectif."
 

Dans le quartier délimité par le boulevard Vauban, la rue Belle image et la rue du Président Herriot, des collectifs qui ont la même unité architecturale sont les témoins de cette époque.
Ces collectifs  avaient un prix au m2,  on comparait cela avec l'indemnité dommage de guerre  que l'on avait attribué et les anciens propriétaires  rajoutaient le complément...
C'était en fait le début de la copropriété.

 
"Un  exemple typique d'un dommage de guerre" nous dit André Dupont "c'est à CREST.
  Une   dame, dont le bâtiment industriel a été détruit, a acheté des millièmes  de l'immeuble "le Corbusier" à Marseille. Le Corbusier avait fait un grand immeuble, connu sous le nom de "la Cité radieuse" mais  communément appelé par les marseillais "la maison du Fada", une unité de 60 logements qui pouvait vivre en autonomie : il y avait une école   maternelle et au milieu du bâtiment des galeries  marchandes….
 (Ce bâtiment vit toujours mais a cependant perdu ce caractère d'unité  de vie.)
Les maisons ne valaient  plus grand chose car l'indemnité qu'ils avaient était infime.. Les propriétaires  ne pouvaient pas s'amuser à reconstruire là où ils  étaient . Quand on faisait une estimation, suivant la date de construction du bâtiment  on appliquait un abattement de vétusté, le maximum c'était  20%."
Vous aviez l'impression de rendre service aux gens ?
"Oui, bien sûr...On sortait de la guerre, les gens avaient perdu tous leurs biens, on était beaucoup  plus près d'eux.
Moi-même, à l'armée, j'avais des copains qui  sont morts à côté de moi. On avait un autre état d'esprit et tout ce que l'on faisait c'était du "Boni".
...On avait gagné, on avait échappé aux bombardements,  on était vivant.
 Beaucoup d'hommes avaient été déportés, on se trouvait  avec des gens qui avaient perdu tous leurs biens et  à ce moment là on avait vraiment l'impression de les aider."