LA PRODUCTION DE LOGEMENTS SOCIAUX DEPUIS 1950
EN FRANCE ET DANS LA DRÔME

Sur le plan national


Le parc de logements dont disposait la France en 1939, déjà peu important en raison du faible rythme de construction entre les deux guerres avait subi d'importantes destructions lors de la deuxième guerre mondiale, avec 500 000 logements détruits et environ 1,4 million de logements endommagés.
La construction neuve restait faible dans l'immédiat après guerre. Les importants besoins qui en résultaient n'ont pas engendré un redémarrage massif de la construction.
L'ETAT avait mis l'accent dans le cadre du premier plan de modernisation de l'économie française entre 1946 et 1950 plutôt sur la remise en état des logements endommagés ou vétustes plus que sur la construction neuve et bien entendu sur la reconstruction des infrastructures de communication. D'ou la création sur le plan du logement, à cette époque du FNAH qui deviendra ANAH en 1970.

Le graphe ci-dessous donne une idée générale de cette production de logements fortement dépendante des politiques menées suivant les périodes :

"Après guerre", nous dit Madame TARDIVON, historienne au Ministère de l'Equipement, "il y avait une énorme crise du logement. La deuxième guerre mondiale avait fait beaucoup plus de dégâts urbains du fait des bombardements, incendies dans un certain nombre de villes telles que Dunkerque, Amiens, certains quartiers de Marseille.
Il y avait une destruction du parc qui s'ajoutait à un sous-entretien du parc existant.

Ajoutez à cela le baby-boom de 1942, en plein milieu de la guerre.
A la fin de la guerre, la crise du logement était nationale.
En zone rurale cela se voit moins mais en Normandie et en Ile de France c'est très visible.

En 1950, on se souvient des logements très petits, des gens vivaient encore dans des baraquements. Cela a duré très longtemps.
Un film réalisé par notre ministère que vous pouvez voir dans le cadre de cette exposition retrace avec force cette misérable condition d'existence de ceux qui avaient tout perdu."


LES ENFANTS D'AUBERVILLIERS

Ci-dessous quelques extraits des commentaires.

Il rentre dans son modeste pavillon ou le pain est précautionneusement suspendu au plafond à cause des rats.
Les gens s'habituent à tout et les terrifiantes et incessantes petites épreuves de la vie quotidienne les absorbent.
Ils n'ont ni le temps, ni le triste loisir de réaliser combien sont insolites, et invraisemblables leurs misérables conditions d'existence.
Un monde où la guerre est venu ajouter ses ruines à celles du passé pour rendre la tache encore plus difficiles à ceux qui doivent tout déblayer, tout reconstruire, tout réparer.
C'est la vie, selon la formule consacrée, selon la formule résignée.

La chanson qui accompagne ce film est émouvante:

Gentils enfants d'Aubervilliers
Gentils enfants des prolétaires
Gentils enfants de la misère
Gentils enfants du monde entier


"En 1990", nous dit Madame TARDIVON, "on était encore en train de détruire des logements d'urgence appartenant à L'ETAT qui logeait gratuitement les gens qui avaient tout perdu pendant la guerre.

L'ETAT a mis énormément de temps pour réagir. IL y avait un énorme besoin de logements. Un scandale repris dans la presse dénonçait alors la carence de L'ETAT en matière de logements. Les gens avaient accepté de se serrer pendant les années d'après guerre. En 1952-1953 la guerre était finie et les gens habitaient toujours dans des baraquements provisoires.

IL a fallu attendre 1953 pour lancer des opérations d'envergure avec le Plan COURANT.
En 1953, il a eu un décret important sur l'expropriation qui permettait à une collectivité d'exproprier pour faire des logements sociaux.
On notera également l'instauration de la participation des employeurs à l'effort de construction.
Le gouvernement lance une politique de production massive de logements sociaux avec les LOGECO, LOPOFA, MILLION qui fait appel à des techniques de préfabrication.
IL y a des tas de financements qui émergent tels que les HLMA, HLMB, HLMO, PLR, PSR, NPN....
Cette production de masse atteint son pic en 1972.

A partir de 1963 en sus d'un volume très important de naissances le gouvernement avaient à faire face aux flux des rapatriés D'algérie suite à la fin de la décolonisation française.
On comprend bien alors la forte demande en logements et la nécessité de construire beaucoup et vite comme le souligne nos acteurs drômois."



La traduction de ces politiques dans la Drôme

En terme de production annuelle de logements sociaux publics, le Département de la Drôme suit globalement les tendances observées au niveau national.
La production Drômoise est toutefois un peu plus erratique surtout entre 1967 et 1978 avec des variations saisonnières plus importantes. Ce qui est tout à fait normal sur le plan statistique par rapport à la France entière sur laquelle intervient un volume plus important de logements, donc, une tendance plus lourde.
A partir de 1979 la tendance est à l'augmentation régulière du parc drômois alors que sur la France entière elle est plutôt stable autour de 6000 logements par an.
Le parc social de la Drôme atteint 23000 logements au 31/12/98

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